XXIV Rencontres Internationales Traverse

intersection of dreams

Why

Nous vivons sans penser à nos traces, nos trajectoires si ce n’est en terme d’objectifs ou de nécessité.
Greg et Reyna, dans ce projet  qui relie, qui lie et qui rejoint, se proposent et proposent à tout artiste tenté par l’aventure de vivre une trace de trajectoire juste pour le plaisir de la mémoire, pour l’effort du déplacement et du regard. Se déplacer vers un autre hypothétique, se déplacer vers un autre qui lui aussi se déplacera vers nous, vers moi; un petit acte humain et libre dans un monde déhumanisé chargé de contrainte et de dispersion.

ciel nuage
XXIV Rencontres Internationales Traverse

Traverse Vidéo

Thématique 2021 : L’art c’est faire

Participation à ce rendez-vous toulousain important qui met en avant des créations de vidéos expérimentales de dimension internationale.

Présentation de deux vidéos du duo Reyna & Marie Roussillo du 12 novembre 2021 au 5 décembre 2021 au Crous de Toulouse-Occitanie:« Perception d’un grain de sable version originelle», « Perception d’un grain de sable noir et blanc »

Primeval Matrix (détail)

« Désormais le land art habite le monde, il ne s’y meut pas en maître; il fait sans défaire, il n’excave plus des tonnes de matériau puisque avec Reyna & Marie Rousillo, il accepte que le déplacement soit fugitif, que ses artefacts soient fugaces. Reyna trace sur le sable, elle le peint refusant tous les proverbes l’avertissant que c’est action folle, sans avenir alors que, rares sont les mythologies dont le Dieu créateur use de sable et c’est souvent pour gruger le diable. Reyna y voit la meilleure des promesses, celle de la nécessité du faire, de l’inassouvissement. Elle sait qu’œuvrer ce n’est pas achever- dont la synonymie est terrifiante. Ses films sont les gardiens de cette implication dans le faire et l’ombre de Marie tenant l’appareil de prise de vue atteste qu’il est nécessaire de dire le geste. Ils sont une déclinaison de cette démarche amorcée dès 2006, de l’éphémère essentiel et sur le sable et non un document. Le simple bâton tenu provoque des visages, des corps, des regards…

 …La musique d’Alexis Toussaint concourt à cette cérémonie heureuse, sans lourde gravité malgré le sens de vie, qu’elle porte: le tambour scande la vague; l’électronique en note tenue en épouse un autre; le mode mineur suit l’effacement; le phrasé plus doux accueille la figure. La création par la mer requiert ses sonorités, la création de Reyna et de Marie en convoque d’autres ainsi mêlées…

…Reyna et Marie performent en plasticiennes, quand elles lancent la poussière c’est y prévoyant le pointillé; quand elles poussent la sable de la brosse elles la pressent comme sur une toile apprêtée; elles creusent pour marquer les membres. Elles varient les motifs du corps leur corps dansant, tournant autour de la forme prête à être délavée et prise. Elles avancent et les accords musicaux au juste titre de Balades Océanes scandent leur faire; la guitare plus claire répond à la transparence de cette vague libérant la vision des galets. Et le soleil lui aussi devient plasticien en mille tirets projetés sur l’eau et par l’ombre d’une des « peintres » près du corps en lumière e l’autre. Et la mer se fait musicienne dans ses coups de ressac et l’emportement de sa vague.

Cela fait corps ensemble jusqu’à renverser les couleurs photographiées, celle de la nature à celles de la peinture entrelacée, passant au noir et blanc qui détache le mouvement et désire la forme prégnante, et plus encore en une version solarisée de cet hymne à l’acte pictural. L’artiste trace son dessin, nettement; la solarisation détoure quasiment le contour avec un halo inversé. Le trait noir de ce principe d’inversion photographique reprend le principe d’inversion picturale de Reyna qui accentue ce qu’elle sait voué à disparaître.

Simone DOMPEYRE
Marie ROUSSILLO

MARIE ROUSSILLO

Le duo s’est arrêté en octobre 2020, Marie Roussillo nous ayant bien trop tôt quitté.

« Perception d’un grain de sable » témoigne de la légèreté, la force libre et l’intensité avec lesquelles elle vivait cette expérience commune.

Le diptyque lui est dédié.